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Après le goût d’une vie moscovite qui colle aux doigts, qui pique, où les baies tâchent votre robe à tout jamais, welcome au musée du bonbon : Saint-Pétersbourg. Douceur de miel et goût vanille-fraise. 

 

Jennifer m’avait dit d’aller sur le Rooftop de la Cathédrale St Isaac. Une vue extraordinaire sur la ville, tu vas voir !
Je crois qu’on nous l’a tous dit en fait. Alors on y était tous.

Mais de quelle vue parlait-elle ? Je ne sais plus quoi, plus qui regarder. On brandit son Selfie-stick comme une croix byzantine, vers l’infini et au delà ! Rien n’arrête ce bout de bâton, ni le geste tactile boulimique qui dirait « je veux ça, je veux ça, et ça aussi, et puis ça, ça, oh toi attends, je te veux aussi, et elle, et lui, je veux tout ! ». Il s’étouffe, il gonfle, et rien pas même le déluge ne l’arrêtes.

Un miroir infini où chacun veut être vu, en train de voir, en se voyant.

 

L’orage gronde, le ciel est noir et une pluie démentielle se prépare... Vite, il faut être vu avec l’éclair ! On agite son bâton et… Criions ! Courons ! Mais surtout : Souriez, vous êtes capturé !

 

 

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A quelques rues du triangle d’or, de l’Hermitage, des dorures et des virées en bateaux mouches, l’ambiance change. Un autre visage de « Saint-Pétersbourg la plus belle » se révèle.

 

Perpendiculaire à la grande rue de Vladimirskiy prospekt et à la sortie du métro Vladimirskaya, une rue est noire de stand de merveilleuses fleurs qui trempent dans des sceaux, de baies rouges et noires, framboises, salades…

Des petites Baboushka sont assises face à leurs cagots de fruits, et interpellent les passants.

 

100 roubles pour un gobelet de framboises, soit 1,60€ la barquette. Ce sont des fruits des bois, des vrais ! Qu’elles sont allées cueillir avec leurs grosses jambes et leurs bras fatigués.

 

 

On les prend en photos, parce que ça fait parti du folklore russe. Presque au même titre que la poupée Matriochka… Mais si la poupée a parfois 5, 10 ou 15 ressources en elle, ces vieilles femmes semblent vidées de tout.
 
Quel âge ont-elles, pour vendre des airelles à longueur de rues ?
 
En Russie, l’âge du départ à la retraite augmente constamment, et l’Etat ou les entreprises se montrent très souvent hostiles au système de cotisations. Comme à bien d’autres formes de garanties professionnelles et sociales…
 
 

 

Autre chose : 

Derrière le décors étincelant des 1000 salles du musée de l’Hermitage,  se cachent des petites vies qui rappellent les photos d’après-guerre dans les livres d’histoire scolaires. Des petites vies qui montrent un pays sur lequel on aurait pressé le bouton pause.

Depuis le 7 Août dernier, un embargo russe sur la plupart des produits en provenance de l’UE vide les frigos et les rayons des magasins. Une manière de réagir face aux sanctions internationales contre la Russie, suite à son attitude dans la crise ukrainienne. (Ici, la « crise » dont on parle en France, est remplacé par le mot « guerre ». Mais bon, bref.)

 

Plus de parmiggiano reggiano made in Italy, mais du « parmiggiano reggiano italiano »…made in Perm ! Plus de Comté, ni de vin de bordeaux bon marché.

 

De nombreux russes ont donc dû par exemple s’improviser crémiers, et crémières.

 

Ca donne de drôles de goûts, un peu forts, comme si le produit était passé. Mais finalement, c’est bon et, bêtement,… assez émouvant.

 

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Mais m'as-tu bien vu ?

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