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Ici quand tu cherches simplement à passer, ou quand tu cherches la « sortie », tu comprends qu’il va falloir traverser.

 

 

 

 

 

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Pas à Moscou.

À Moscou pas de raccourci. Pas de diminutif non plus d’ailleurs : On appellera Ivan "Vanetchka" (ou Vania), et Natalia "Natacha". Notre concept de « diminutif » a ici un aspect purement affectif. À quoi bon gagner du temps ? À quoi bon vouloir vaincre le temps ?

 

Il faut traverser.
 

Il faut traverser les rues, les immenses rues. Ces rues qui ne valent pas un dixième de nos avenues parisiennes. Ces rues qui donnent le vertige, et qui, semblables à des champs de courses hippiques, te donnent l’impression qu’au moindre pas, tu finiras broyé.

Pourtant, le Kremlin est en face. Comment faire ? Le monsieur en uniforme ne te regarde même pas. Il ne t’aidera pas. Tu ne passeras pas.

Il faut traverser.

Et par en dessous, par l’intérieur. Il faut plonger, tête la première, dans  un passage sous terrain (souvent la même entrée que celle du métro) qui te débarque en face. Et qui te réchauffe quand c'est l'hiver, 7 mois par an.

Sous terre, tu trouves de tout. De la peinture, des collants, des robes, de la pâte de fruit, des fleurs, des clés USB... De charmantes dames t'attendent derrière une petite vitrine. 

Sous Moscou, c’est donc plus que jamais Moscou.

D’ailleurs dans les ascenseurs, le 1er étage, c’est le rez-de-chaussée.

Moscou est ainsi un étage en elle-même.

 

Il faut, lorsqu’a lieu la relève de la garde sur la Place Rouge et que toute la circulation est plus que barrée, traverser le GUM (ГУМ) : Un immense centre commercial luxueux construit dans les années 1890, qui longe la Place Rouge et brille de mille fleurs.

 

En fait : il faut traverser l’histoire. Enfin non : l’Histoire. Et entièrement ! D'ailleurs leur Musée de l'histoire et de l'Etat commence par le Néolithique...

 

Ôo la terrîïîîïïïiiible Histoire russe qui fait qu’on préfère aller en Italie au mois de juillet. Ou en Irlande, voir des moutons noirs.

Il paraît que l’Irlande est belle en été !

 

La Russie aussi, est belle. On dit comme ça ici : прекрасный, belle.

 

Le sol, comme les sous-sols, sont toujours en travaux à Moscou. Certains disent que c'est à cause des détournements de fonds : Trottoirs refaits tout les ans... avec goudron trop bon marché... = plein les fouilles de l'autre côté.
Alors pelle dans une main, râteau dans l’autre, on accroche la perche à selfie à son sac et on y va, on traverse. Et c'est bien.

Sortir, changer, quitter, tourner. Voilà des ambitions quotidiennes. Qui te paraissent légitimes, innocentes.

Le métro par exemple, vient un moment où tu veux en sortir.

Le trottoir aussi : Quand le soleil tourne, tu aimes changer de côté ; prendre celui d’en face, ensoleillé.

D’une heure à l’autre, tu dois aussi quitter un quartier, pour un autre.

 

Une page, tu as hâte de la tourner…

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Rue Tverskaïa

Je ne suis jamais allée à New-York, mais c’est comme cela que je l’imaginais.

 

Tchekhov racontait qu’Elena s’ennuyait terriblement ce fameux été. Ici, je ne vois pas comment.

Le ciel est immense, profond. Les nuages se percutent, s’introduisent les uns dans les autres. C’est la scène d’un corps à corps majestueux, violent, mais si doux. L’histoire d’un  clocher doré qui pique en son coeur le ministère des affaires étrangères ; un bâtiment colossal qui surplombe la ville gravement, tout en ayant un air de Beethoven, cette star-chien moelleuse et indolente.

Oui les murs sont gris, sont noirs même, de pollution. Mais l’air y est chaud, poudré. Presque rose en réalité. Je savoure ici une fantastique dynamique qui ne me fait pas peur. Chaude, libre, la rue a goût d’Orient.

Rien n’arrête l’aventure intimidante de cette grande artère moscovite. Il se met à tomber des gouttes chaudes et vous courrez déjà pour vous abriter alors que les gens rient ! Ils vous ont bien eu !

Ici, la langueur est électrique. Et la poussière à l'eau de rose.

 

 

© 2015 - Alice Babin 

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Speed Cuber at the Bolshoi

Les soirs de Bolshoï l’hiver quand il neige, les femmes ont des escarpins dans leurs poches. Par respect pour les comédiens sur scène, qui ne les verront pas, mais pour le théâtre avec un grand « t » aussi, me dit Daria. Pour cette merveilleuse institution qu’est celle du théâtre du Bolshoi.

Attention aux codes. Si tu n’est pas bien rangé sur l’escalator, la petite dame qui voit tout, enfermée dans sa cellule en bas, criera « plus à droite » dans son micro.

 

« Bolshoi » en russe, ça veut dire grand. Et la Russie mesure 17 millions de kilomètres carré, presque la moitié du tour de la terre.

 

 

 

 

Il est 16h Place du Bolshoi.

L’hotel Métropol est magnifique, juste en face.

 

Place de l’attente, de la rêverie, des rencontres et des rendez-vous donnés autour de la fontaine, Christiana termine son stage dans un cabinet politique ici. Elle regrette de devoir déjà rentrer en Serbie car elle commençait à apprendre la langue.

À Moscou, elle ne se sentira jamais chez elle, parce que c’est trop grand, (elle préfère « Den haag » aux Pays-Bas, La Haye). Mais quand même le ciel est magnifique, et les Russes ont cet air un peu froid et endurci qui lui plaît bien.

 

Il fonce droit sur nous pour nous montrer des photos de Moscou, en 3D, qu’il auraient faites. J’agrippe mon sac, et je suis bien bête.

 

Ivan veut nous montrer la ville, sa ville. Dans la vie, il réalise des films.

Au final il nous apprendra sa technique pour réussir un Rubics Cube en moins de 20'.

Après tout... pourquoi pas ?! Son secret : La fridrich's method

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D'une rive, l'autre

D’une rive à l’autre ; d’une Histoire l’autre.

 

De la place rouge, à l’ancienne usine de chocolat, réhabilitée en quartier sans espace – sans temps.

Du bal de la tombe du soldat inconnu, au DJ barbu.

D’une Babushka qui vend des mûres et des matriochka au visage Poutinien, au menu bière gingembre – carrot cake.

 

Entre les deux : la révolte, l’opposition.

 

Des photos et des fleurs à l’effigie de Boris Nemstov, assassiné dans la nuit du 27 Février dernier.

D’après Petro Porochenko, « un pont entre l’Ukraine et la Russie ».

D’après les médias français : « un assassinat odieux ».

D’après beaucoup de moscovites… un homme pas si net.

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