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Un billet, non échangeable -  non remboursable.   

   S’il   v  o  u  s    p l a î t.

Très bien ; voici.

Merci.
 

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Elle avait juste dit qu’elle voulait partir.

 

Échangeable et remboursable, satisfait ou remboursé… autant d’expressions qui mettent en scène de faux engagements. Qui illustrent à quel point il est dur d’y aller, mais à quel point il est aussi dur de rester.

Poussez. Tirez.
Et pourquoi pas laissez, allez ? Laissez aller ...

 

Tu achètes, tu fais, tu pars, tu avances, tout en voulant t’assurer qu’il possible de rendre, de défaire, de revenir, d’annuler, de ne plus partir.
Un faux départ.
Il est possible de revenir à l’état initial.

Annuler – Effacer. Ni vu, ni connu… ni vécu ?

Non… Quand même.

 

Tu achètes un gâteau. Mais tu n’es pas sûre qu’il te plaise. Il y a la queue dans cette boutique, il y a du choix derrière la vitrine en verre ; beaucoup de choix.

C’est ton tour.

Tu aimerais pouvoir le prendre, croquer dedans, et si tu n’aimes pas, le rendre et en changer.

Mais non…

Quand même.

Alors la dame te fait goûter. Un petit morceau de ça… un petit morceau de ça… Oh ! Et celui là aussi.
Merci.
Tu roug
is.

Au final aucun ne te plaît. L’envie t’est passée. Plus de suspense, plus de risque d’être heureux.  
Au revoir madame.
La dame t’a remboursé quelque chose que tu n’avais même pas payé.
Tu as triché.

 

 

La saveur du gâteau, c’est la saveur de ton choix.

Si tu n’as pas réussi à choisir, il a mauvais goût.

Ou pire : il n’a goût de rien.

 

Au final, tu n’as rien.

 

Tu as pris des petits morceaux par ci, par là. Tu as grignoté ici et là.

Mais où as tu croqué et avalé à pleine bouche ?
Où t’es tu assis, posé, satisfait en te disant : ça c’est à moi. Ca c’est moi. C’est dans moi. C’est pour moi.
Nul part
.

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S’assurer qu’on va pouvoir rester comme ça.  S’assurer, s’assurer, s’assurer.
Se mettre des couches et des couches d’assurance. Un pull, puis un tee-shirt, un sous pull, un chandail, un k-way, un manteau, un blouson.

Couvre toi, te disaient ils.

T’es couvert ?

 

À trop être couvert tu ne sens ni l’été qui arrive, ni le froid qui ronge.

C’est pas du jeu.

C’est pas d’la vie.

 

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Nouveau forfait sans engagement.

Ca veut dire que tu peux changer d’avis ou annuler à tout moment.

 

Alors tu le fais. Pour voir.

Pour v o i r.

Mais voir, ca n’est qu’un sens sur les cinq.

Tous réunis, ils font la vie.

Alors juste avec la vue… T’es pas sorti.

 

Une société, un espace où partout où tu vas, tu peux changer d’avis.

Goûter, pour hop, finalement, renoncer.
Tu en auras eu assez.

 

Il en faut peu !
 

Et de toute façon, tu pourras prendre le prochain, tu le sais.

 

Mais le prochain...

Même celui là, tu ne le prendras pas.

C’est autre chose que tu prendras.
Il ne sera pas prochain.

Car ce n’est pas le prochain que tu voulais. Qui t’excitait. C’était celui-là. Le premier. Celui-ci.

L’autre, le prochain… C’est bon, t’as compris.

 

C’est comme le coup du gâteau. Celui qu’a pas d’goût.

 

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Ces propositions,

Ces offres,

à faire comme si. À essayer, tremper ton doigt… C’est simuler.

Les jeux, la fausse voiture, la poupée… Tout ça c’est jouer.

Ca créé le décor. A défaut d’y mettre corps.

 

A défaut de te lancer et de faire, vraiment, de vivre,

tu simules, tu fais semblant.

 

C’est pour de faux.

 

 

 

 

 

 

Et alors tu auras faim…

...Eternellement.

 

 

Le goût de la faim

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